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associations& ONG

L’avis du MNLE sur le projet de carrière envisagé à Mardié

Publié le 12 Décembre 2012

L’avis du MNLE sur le projet de carrière envisagé à Mardié

Une de plus en perspective

Jusqu’à quand, le val de Loire va-t-il être la cible privilégiée des carriéristes ?

La carte des exploitations terminées ou en cours dans le lit du fleuve et ses abords, nous montre un territoire bouleversé par des excavations de plus en plus nombreuses qui détériorent à la fois les paysages et les surfaces agricole. Des surfaces qui ne retourneront pas toutes et en totalité à l’usage agricole (dans le cas présent 32 ha), alors que, dans le futur, les espaces disponibles tendront à se restreindre comme « peau de chagrin » en raison de l’extension permanente des secteurs consacrés à l’habitat et aux zones industrielles et commerciales (l’équivalent d’un département français succombe tous les sept ans, on le sait, sous le poids d’un bétonnage envahissant).

Afin de réduire autant que faire se peut l’extraction de sable et de granulats et ses conséquences dommageables, ne conviendrait-il pas de généraliser :

A/ la récupération des déblais de démolition pour, après les avoirs réduits à une dimension convenable, les réutiliser dans de nouvelles constructions à venir ?

Certes le procédé existe, mais trop souvent ces matériaux potentiels sont encore dirigés vers des centres d’enfouissement des « inertes »

B/ La fabrication de briquettes obtenus grâce au compactage des boues asséchées des stations d’épuration. Ce procédé existe. C’est aussi un moyen de valoriser ce type de déchets.

Ceci dit et dans le cas présent, nous avons des appréhensions quant à ce qui concerne les travaux et leurs conséquences tels qu’ils sont envisagés dans les textes.

1 °: la ligne SNCF, en instance de remise en service pour le trafic voyageur vers Chateauneuf dans un premier temps; puis dans un second, vers Montargis et Gien, sera traversée 54 fois par jours par la cohorte incessante des camions véhiculant les sables et granulats extirpés (sans compter les voitures du personnel. Combien ?).

Il est impensable d’envisager cette traversée en P.N, le risque est trop grand. L’hypothèse (que nous combattons) où, malgré tout, il y aurait autorisation d’exploitation ; à savoir un passage dénivelé (aux frais du demandeur) serait une obligation absolue.

2° Pour limiter les bruits, des merlons seraient construits. Peut-être auront-ils une certaine efficacité. Mais ce qui n’est pas dit, ce sont les sonneries d’avertissement utilisées pour chaque manœuvre de recul des véhicules. Ces sonneries sont aiguës et sont d’un niveau sonore élevé.

3° Certes 21 ha seront (nous dit-on) conservés pour les cultures. Mais les végétaux qui y pousseront seront-ils pourvus des éléments minéraux nécessaires à leur épanouissement puisque les substrats vers lequel ils auraient dus orienter leurs racines en profondeur, leurs auront été dérobés ? Et ce n’est pas la couche végétale rapportée (sans doute) qui sera suffisante pour leur fournir ces éléments vitaux en quantités adéquates, ni, à plus forte raison l’argile sous jacente, par nature infertile qui y.pourvoira.

4° Des poussières ? Malgré les précautions prises, il en restera fatalement. Le petit étang situé au sud-ouest, ne sera-t-il pas pollué au fil du temps (même si, journellement, l’apport en poussières devrait rester relativement faible), au détriment de sa faune aquatique (dont entre parenthèse, on ne trouve nullement la nomenclature dans l’étude d’impact : poissons peut être, mais aussi batraciens, tritons, et autres insectes variés ; ranâtres, gyrins, notonectes, dytiques, etc.…) La biodiversité est une source de connaissances qui est loin d’être achevée. Protégeons là.

D’autre part, le fait que la couche extraite rejoindra, dans sa partie la plus basse, la nappe superficielle, entraînera obligatoirement la baisse du niveau actuel de cet étang. Son assèchement est donc possible, sinon probable. L’étude d’impact fait l’impasse sur cette problématique.

5° Enfin (page 27 de l’annexe à l’étude d’impact), on nous précise que la nappe sera rendue à l’air libre. Donc, les poussières vont s’y déposer. Certes, à part une petite portion à l’extrémité sud-ouest, la majorité de la surface exploitée n’est pas dans le PR 2. Toutefois, les périmètres de protection, on le sait, ne représentent qu’une garantie relative. Dans les faits, les eaux utilisées en alimentation humaine proviennent de zones situées des kilomètres en amont et sur des milliers d’ha. Or, le forage situé en aval est assez proche en ligne droite de la carrière envisagée. Le risque que l’eau puisée soit perturbée n’est pas nul. Le principe de précaution ne devrait il pas être prédominant?

En conséquence et pour toutes ces raisons le MNLE 45 n’est pas favorable à la création de cette carrière et demande à Monsieur le commissaire enquêteur d’en préconiser le rejet.

Pour le MNLE 45

Le secrétaire Pierre Pothée.

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